Dans l'univers entrepreneurial, la maîtrise des compétences numériques est devenue un impératif. Pourtant, l'acquisition de ces compétences impose souvent un paradoxe physique : elles nécessitent un temps considérable devant un écran, une pratique sédentaire à contre-courant de la biologie humaine qui privilégie le mouvement. La quête de l'excellence dans le domaine numérique semble donc s'opposer à l'essence même de notre bien-être physique.

Une question de compétences ou de talent ?

Les entrepreneurs en général sont confrontés à un double défi. D'un côté, ils doivent sans cesse affiner leurs compétences digitales pour rester compétitifs. De l'autre, la nature même de leur métier les contraint à un mode de vie sédentaire, souvent synonyme de risques pour la santé. Les heures prolongées en position assise nuisent à la circulation sanguine et lymphatique, mettant à mal le système cardiovasculaire et d'autres fonctions corporelles vitales.

Ce dilemme est d'autant plus prononcé pour les entrepreneurs en difficulté financière. Pour eux, chaque minute compte, et l'idée de prendre soin de leur santé peut sembler un luxe inabordable. Ils sont hantés par le spectre des factures impayées et les engagements financiers écrasants. Dans ce contexte, comment peut-on envisager de prendre soin de sa propre santé sans compromettre la survie de son entreprise ?

L'équilibre entre le développement des compétences digitales et la gestion de la santé physique est un fil ténu sur lequel l'entrepreneur moderne doit marcher.

Ignorer l'un au profit de l'autre peut sembler tentant, surtout sous le poids des responsabilités financières. Cependant, si la santé fléchit, c'est tout l'édifice entrepreneurial qui risque de s'effondrer.
Fassi DE SOUZA, artisane tricoteuse et designer de tricots
Fassi DE SOUZA, artisane tricoteuse et designer de tricots

Lorsque l'on est seul.

La sédentarité touche également de manière inattendue les artisans d'art, ces gardiens du fait-main et du geste précis. Dans le souci de promouvoir leur commerce dans un monde numérique, ils sont contraints de passer des heures à produire et éditer du contenu, à rédiger des descriptions pour leurs créations, à peaufiner leur présence en ligne. Ces activités, essentielles pour attirer le client moderne, s’éloignent de l'atelier et de l'établi.

L'artisan d'art, dont l'œuvre est le fruit d'un mouvement constant, d'une danse entre la matière et la créativité, se retrouve ainsi figé devant un écran, à orchestrer sa présence digitale. Son art, si dépendant du visuel et du tangible, devient une marchandise numérique qu'il faut savoir marketer avec habileté. L'ironie est palpable : pour vendre l'authenticité de leur travail manuel, ils doivent adopter une posture qui menace leur bien-être physique.

C'est une réalité paradoxale où le martèlement du clavier remplace celui du marteau, où le scintillement de l'écran éclipse la lumière de l'atelier. Les artisans, dont le métier est synonyme de mouvement et d'adresse manuelle, sont ainsi confrontés à l'immobilité imposée par les exigences de la stratégie digitale.

Tout comme les entrepreneurs purement numériques, il faut trouver un moyen de maintenir notre santé sans sacrifier la visibilité et le succès de notre entreprise artisanale.

Apprendre continuellement.

L'apprentissage de toute compétence, que ce soit dans l'artisanat ou dans le digital, est une question de temps et de pratique. Un artisan qui peaufine ses compétences manuelles doit également s'aventurer dans l'apprentissage stratégique des outils numériques, apprendre à jongler entre les applications pour se promouvoir et promouvoir son art.

C'est un équilibre entre le temps consacré à la création et celui investi dans la maîtrise de la sphère numérique.

Les artisans, en tant que créateurs, ont besoin de ces moments de tranquillité pour laisser libre cours à leur imagination et à l'innovation. Cependant, l'apprentissage des compétences numériques vient s'ajouter à leur palette déjà pleine. Ce n'est pas une question de capacité, mais de temps.

La maîtrise ne vient pas instantanément. Elle se construit pas à pas, à travers l'échec et la persévérance.

Ce n'est pas que vous n'êtes pas compétent, c'est que vous ne l'avez pas encore appris. Et apprendre demande du temps.
Fassi DE SOUZA, artisane tricoteuse et designer de tricots
Fassi DE SOUZA, artisane tricoteuse et designer de tricots

Lorsque l'on apprend plusieurs choses à la fois, le rythme d'apprentissage peut devenir dispersé et moins efficace. Cela ne signifie pas qu'il faut renoncer, mais peut-être mieux s'organiser, ou mieux encore, déléguer. L'étude d'une nouvelle compétence est un processus d'observation, de recherche et d'apprentissage.

Il ne faut pas craindre l'échec ; c'est une forme de retour d'information qui nous permet de grandir et de changer.

Pour l'artisan qui possède déjà un talent inné, ce talent doit être transformé en maîtrise avec le temps. Ainsi, au lieu de s'inquiéter de son talent pour quoi que ce soit, l'artisan entrepreneur devrait envisager d'organiser son temps de manière judicieuse ou de déléguer certaines tâches marketing. Cela lui permettrait de continuer à développer son art tout en maîtrisant les compétences digitales nécessaires à la promotion de son travail.

Savoir créer des processus durables.

Pour l'artisan solitaire, qui tisse son chemin à travers le monde du commerce sans le soutien d'une équipe ou d'un budget conséquent, la délégation peut sembler un horizon lointain. Souvent, il n'y a d'autre choix que de porter plusieurs casquettes à la fois.

L'optimisation de l'espace et des processus devient alors essentielle pour la production d'un contenu en ligne attractif.

Quelques étapes pour y parvenir ↴

  1. Gérer le trac. L'appréhension de se présenter devant la caméra est un obstacle commun. Se ménager psychologiquement pour surmonter cette peur est le premier pas vers un contenu vidéo authentique.
  2. Aménagement dédié. Consacrer un espace de son domicile exclusivement à la création de contenu, en le maintenant propre et esthétiquement plaisant, permet d'avoir une toile de fond prête à l'emploi pour toute prise de vue spontanée.
  3. Documenter la création. Capturer des vidéos et des photos, qu'elles soient informelles ou structurées, des différentes étapes de la création d'un produit ajoute de la valeur au contenu partagé en dévoilant le processus artistique.

L'objectif est de forger un processus de création de contenu en ligne durable et peu contraignant. Sur Instagram, où se trouve une large part de la clientèle des artisans d'art, l'utilisation de stories et de reels, même sans paroles, peut constituer une stratégie efficace pour débuter.

Une vidéo informelle est comme le premier coup de pinceau sur une toile vierge, un point de départ pour s'améliorer progressivement.

Dans cette quête pour devenir maître dans leur domaine, les artistes entrepreneurs doivent donc naviguer entre la nécessité de perfectionner leurs compétences et celle de préserver leur santé. Mais quel est le véritable coût de la négligence de soi dans la course à la compétence ? Peut-on réellement exceller sans un fondement de bien-être physique ?

Ces questions pèsent lourdement sur les épaules de ceux qui portent à la fois la casquette de leader et celle d'apprenti perpétuel. Peut-être est-il temps de reconnaître que la santé n'est pas un luxe, mais une composante cruciale du succès durable. Laissons alors le lecteur s'interroger sur la meilleure manière de jongler avec ces réalités antagonistes.